Une explication qui n'a rien de rassurant pour Marc Durand, ingénieur en génie géologique qui pourfend l'industrie depuis le début de l'année.
M. Chatellier, éminent géologue pétrolier, a contacté La Presse pour réagir aux propos de M. Durand, qui critiquait la fermeture d'un autre puits où des fuites avaient été observées, appartenant à la société Canbriam. Selon M. Durand, fermer un puits défectueux était «la pire chose à faire».
M. Chatellier a répliqué que la loi québécoise exige que, pour être abandonné, un puits doit être scellé de façon à ce qu'aucun gaz ou fluide ne puisse s'en échapper. «Telle est la loi», dit-il.
Quant au puits de Talisman à Leclercville, dans Lotbinière, M. Chatellier a donné plus de détails sur l'opération complexe qui a permis de boucher la fuite qui avait attiré l'attention des médias et des autorités l'hiver dernier.
Des travaux de plusieurs millions
Au coût de plusieurs millions, Talisman a injecté du ciment à trois endroits de son puits afin de colmater la fuite.
«On est intervenus à trois différentes profondeurs, dit M. Chatellier. D'abord, on est allés au plus profond, sans effet. Puis, on est montés à 1400 mètres parce que le gaz semblait venir de cette profondeur, selon les analyses. Là encore, on n'a pas vu de différence. À 1100 mètres, il y avait d'autres indices: du bruit et un changement de température. C'est dans cette zone que l'intervention a été efficace.»
Marc Durand n'est pas rassuré par les explications de M. Chatellier. Selon lui, l'industrie pétrolière et gazière ne s'impose pas des normes suffisamment élevées pour détecter les failles avant de forer.
«L'industrie pétrolière applique environ 10% de ce qu'on appliquerait dans le domaine du génie civil, dit-il. Par exemple, pour construire un barrage, Hydro-Québec ne se contenterait pas d'approximations pareilles.» M. Durand convient que l'industrie investit beaucoup pour acquérir une meilleure connaissance du sous-sol, mais cela s'amortira si on entre dans la phase commerciale de l'exploitation.
Il continue d'affirmer que la fracturation hydraulique d'un gisement de schiste met en branle un processus géologique de libération de gaz qui dépasse de loin l'horizon commercial.
Par ailleurs, selon le PDG de Questerre, Michael Binnion, les permis d'exploration gaziers au Québec valent entre 100$ et 200$ l'acre, soit environ de 250$ à 500$ l'hectare, si on se fie à la valeur de l'action de son entreprise.
C'est loin d'être le pactole, comparativement au prix payé par l'industrie gazière pour les permis d'exploration ailleurs sur le continent. Mais c'est quand même plus que le loyer annuel de 10 cents l'hectare que l'industrie verse au gouvernement.