27/04/2011: L'Union - Y'a de l'eau dans le gaz de schiste
Y a de l'eau dans le gaz de schiste
Publié le mardi 26 avril 2011 à 11H00
Antoine Lefèvre a cosigné le 7 avril la proposition de loi au Sénat visant à abroger les permis d'exploitation.
LAON (Aisne). Alors que le sénateur-maire de Laon se félicite des propositions tendant à abroger les permis d'exploitation des gaz et huiles de schiste, un pré-rapport gouvernemental est favorable à des tests d'exploration…
C'EST un peu un pas en avant, un pas en arrière… En terme de gaz et d'huiles de schiste, on ne sait plus trop sur quel pied danser.
Des permis d'exploitation ont été accordés, ces dernières années. Mais le premier ministre a annoncé il y a deux semaines que des propositions de lois tendant à abroger ces permis seraient soutenues.
Il y a quelques jours cependant, un pré-rapport gouvernemental préconise des travaux de recherche et des tests d'exploration…
Pour Eric Delahye, président délégué de Cap 21, membre de la coordination nationale contre l'exploitation des gaz et huile de schiste et maire-adjoint à Laon chargé de l'environnement, on ouvre la porte en France à l'exploitation du gaz de schiste.
« C'est un marché de dupe, comme le moratoire sur la chasse à la baleine avec de multiples dérogations permettant la ''pêche scientifique''…», dit-il.
Une totale transparence
Le Laonnois fut un de ceux à lancer le débat en France dès décembre, via Cap 21 et le site www.deleaudanslegaz.com.
Il n'est pas le seul élu laonnois mobilisé sur le sujet du reste.
Antoine Lefèvre, sénateur-maire, a cosigné le 7 avril la proposition de loi au sénat visant à abroger les permis exclusifs de recherches d'hydrocarbures non conventionnels et à interdire leur exploration et leur exploitation sur le territoire national.
Dès le 10 mars, il avait posé une question écrite sur le permis dit de Château-Thierry, « qui a été délivrée à mon sens dans une grande opacité. […] Les populations s'inquiètent à juste titre des risques environnementaux et en matière de santé publique. »
L'édile a demandé au ministre de rassurer quand à la totale transparence « dont fera part le gouvernement tant sur le potentiel énergétique lié à ces réserves, que sur les techniques d'extraction, les aspects économiques, sanitaires et environnementaux ».
Pour lui, à l'heure de la flambée des prix du gaz et du pétrole, vu la dépendance énergétique de la France, « il peut paraître néanmoins légitime de s'intéresser à l'exploitation de ces gaz et huiles non conventionnels, que la France tient enfermés dans ses sous-sols ».
C'est un peu l'argumentaire du pré-rapport gouvernemental qui parle d'enjeux économiques et d'emploi. « Les hauts fonctionnaires qui l'on rédigé ne pouvaient déjuger leurs pairs qui ont instruit les permis à l'époque », ironise Eric Delhaye.
En gros, la forme n'était pas bonne, mais l'idée, elle, serait à creuser si on ose dire… en prenant des garanties. Ces dernières résisteront-elles aux enjeux financiers, avec de puissants groupes qui ont déjà investi des sommes astronomiques ? Telle est la question.
Yann LE BLÉVEC
yleblevec@journal-lunion.fr
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