22/04/2011: 55 lobbyistes pour vanter le gaz de schiste
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Au total, on peut compter au moins 55 lobbyistes actuellement au service de l'industrie pétrolière et gazière au Québec. Aucune production commerciale n'est actuellement en cours et l'industrie répète que le potentiel du shale de l'Utica n'est pas encore prouvé.
Les entreprises pétrolières et gazières actives au Québec ont actuellement au moins 55 lobbyistes à leur service pour «représenter» leurs intérêts auprès du gouvernement Charest, a dénombré Le Devoir. Ceux-ci doivent notamment faire valoir le point de vue de leurs clients en ce qui a trait au régime de redevances et à la loi sur les hydrocarbures qui sera éventuellement mise en place pour encadrer l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste et du pétrole.
Une simple consultation du Registre des lobbyistes du Québec permet en effet de constater que, à elle seule, l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) a inscrit 35 personnes au registre. Ce regroupement a en fait maintenu plus d'une trentaine de lobbyistes sur sa liste depuis juin 2009. À cette époque, à peu près personne au Québec ne soupçonnait l'existence de réserves importantes de gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent. La plus longue liste, inscrite en avril 2010, comptait 38 noms.
On y retrouve bien sûr son président, Lucien Bouchard, mais aussi André Caillé et plusieurs personnes issues des différentes entreprises actives dans l'exploration gazière. C'est ainsi que la liste de l'APGQ comprend Jean-Yves Lavoie, chef de la direction de Junex et ancien ingénieur pétrolier de la Société québécoise d'initiatives pétrolières, une société d'État aujourd'hui dissoute. Pierre Boivin, président du club de hockey Canadien et membre du conseil d'administration de Questerre Energy, fait aussi partie de la liste. Déjà en avril 2009, il avait un mandat de «lobbyiste-conseil» pour l'APGQ. Le président de Questerre, Michael Binnion, est aussi inscrit, tout comme le président de Gastem, l'ancien ministre libéral Raymond Savoie.
Leur mandat se lit ainsi: «Représenter les intérêts des membres de l'Association pétrolière et gazière du Québec auprès des différents titulaires de charge publique relativement à la législation, à la réglementation, aux orientations et aux dispositions fiscales reliées aux hydrocarbures, dont notamment la Loi sur les mines, les règlements et le régime de redevances y afférents, ainsi qu'à l'égard de l'intention du gouvernement du Québec de mettre en place une nouvelle loi sur les hydrocarbures afin d'élaborer un régime encadrant la recherche et l'exploitation des hydrocarbures au Québec.» Fait à noter, ce mandat couvre une période allant de mars 2009 à décembre 2011. Mais les noms inscrits dans la dernière mise à jour ne figurent pas tous sur la liste depuis le début.
Anciens libéraux
L'APGQ a en outre requis les services de Martin Daraîche, ex-conseiller au sein du gouvernement de Jean Charest. En échange d'une rémunération «de 10 000 $ à 50 000 $», ce dernier a eu pour mandat de représenter l'association auprès du ministère des Finances avant que ne soit présenté le récent budget Bachand. L'objectif? Démontrer la pertinence de «mettre en place des dispositions fiscales» pour que «le Québec soit reconnu comme une juridiction capable d'accueillir une industrie structurante en matière de shales gazéifières».
Certaines entreprises sont également inscrites sous leur propre nom au Registre des lobbyistes. C'est le cas de Pétrolia, qui a inscrit huit personnes en lien avec l'élaboration de la future loi sur les hydrocarbures. On y compte notamment deux anciens employés de la défunte division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec. L'entreprise basée à Rimouski — mais dont le principal actionnaire est suisse — souhaiterait notamment exploiter le pétrole contenu dans le sous-sol de l'île d'Anticosti. Elle a acquis des permis d'Hydro-Québec pour cette île en 2008 pour un montant non divulgué.
L'albertaine Talisman Energy a huit lobbyistes à son service. Elle peut de plus compter sur le travail de Daniel Bernier, qui a été chef de cabinet dans le gouvernement Charest de 2003 à 2005. La multinationale, très active dans le secteur gazier aux États-Unis, a également recruté Daniel Gagnier, chef de cabinet du premier ministre de 2007 à octobre 2009. Ce dernier siège à un «conseil consultatif» mis sur pied par l'entreprise pour soutenir ses activités au Québec.
Questerre Energy a elle aussi recruté chez les anciens libéraux en la personne de Marie-Claude Johnson, ancienne attachée politique de Raymond Bachand, mais aussi de Monique Jérôme-Forget. Celle-ci doit faire des représentations auprès du ministère des Finances et du ministère des Ressources naturelles dans le but de «s'assurer que le niveau de redevance actuellement en développement permette la viabilité économique» d'un projet «d'exploration et d'exploitation gazière sur la rive sud». Le projet en question n'est pas précisé.
Au total, on peut compter au moins 55 lobbyistes actuellement au service de l'industrie pétrolière et gazière au Québec. Aucune production commerciale n'est actuellement en cours et l'industrie répète que le potentiel du shale de l'Utica n'est pas encore prouvé. Ce chiffre s'apparenterait au nombre d'inscriptions au registre liées à l'industrie minière classique, un secteur qui est très développé au Québec et qui est promis à une forte croissance au cours des prochaines années. Même la Fédération des chambres de commerce du Québec a inscrit un mandat lié au gaz de schiste.
D'autres entreprises gazières n'ont pas de lobbyistes inscrits directement en leur nom, dont Molopo, qui détient des permis couvrant 9000 km2 au Québec. Même chose pour Corridor Resources, qui a mis la main sur les permis du gisement Old Harry. Une porte-parole du bureau du commissaire au lobbyisme a toutefois indiqué au Devoir que, depuis deux ans, on cible davantage les entreprises du secteur gazier afin de savoir si elles sont susceptibles de mener des activités de lobbyisme. Dans ce cas, on leur demande de s'inscrire au registre. En 2010, 26 sociétés ont été approchées et trois se sont inscrites.
Par ailleurs, Gaz Métro a inscrit plusieurs lobbyistes en lien avec ses activités de distribution de gaz naturel. Parmi leurs mandats, on retrouve la volonté de «sensibiliser, présenter et promouvoir auprès des instances gouvernementales et municipales le développement de nouvelles sources d'approvisionnement gazier», mais aussi de «positionner auprès des divers interlocuteurs gouvernementaux le gaz naturel comme une des solutions à la réduction des gaz à effet de serre».
Une simple consultation du Registre des lobbyistes du Québec permet en effet de constater que, à elle seule, l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) a inscrit 35 personnes au registre. Ce regroupement a en fait maintenu plus d'une trentaine de lobbyistes sur sa liste depuis juin 2009. À cette époque, à peu près personne au Québec ne soupçonnait l'existence de réserves importantes de gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent. La plus longue liste, inscrite en avril 2010, comptait 38 noms.
On y retrouve bien sûr son président, Lucien Bouchard, mais aussi André Caillé et plusieurs personnes issues des différentes entreprises actives dans l'exploration gazière. C'est ainsi que la liste de l'APGQ comprend Jean-Yves Lavoie, chef de la direction de Junex et ancien ingénieur pétrolier de la Société québécoise d'initiatives pétrolières, une société d'État aujourd'hui dissoute. Pierre Boivin, président du club de hockey Canadien et membre du conseil d'administration de Questerre Energy, fait aussi partie de la liste. Déjà en avril 2009, il avait un mandat de «lobbyiste-conseil» pour l'APGQ. Le président de Questerre, Michael Binnion, est aussi inscrit, tout comme le président de Gastem, l'ancien ministre libéral Raymond Savoie.
Leur mandat se lit ainsi: «Représenter les intérêts des membres de l'Association pétrolière et gazière du Québec auprès des différents titulaires de charge publique relativement à la législation, à la réglementation, aux orientations et aux dispositions fiscales reliées aux hydrocarbures, dont notamment la Loi sur les mines, les règlements et le régime de redevances y afférents, ainsi qu'à l'égard de l'intention du gouvernement du Québec de mettre en place une nouvelle loi sur les hydrocarbures afin d'élaborer un régime encadrant la recherche et l'exploitation des hydrocarbures au Québec.» Fait à noter, ce mandat couvre une période allant de mars 2009 à décembre 2011. Mais les noms inscrits dans la dernière mise à jour ne figurent pas tous sur la liste depuis le début.
Anciens libéraux
L'APGQ a en outre requis les services de Martin Daraîche, ex-conseiller au sein du gouvernement de Jean Charest. En échange d'une rémunération «de 10 000 $ à 50 000 $», ce dernier a eu pour mandat de représenter l'association auprès du ministère des Finances avant que ne soit présenté le récent budget Bachand. L'objectif? Démontrer la pertinence de «mettre en place des dispositions fiscales» pour que «le Québec soit reconnu comme une juridiction capable d'accueillir une industrie structurante en matière de shales gazéifières».
Certaines entreprises sont également inscrites sous leur propre nom au Registre des lobbyistes. C'est le cas de Pétrolia, qui a inscrit huit personnes en lien avec l'élaboration de la future loi sur les hydrocarbures. On y compte notamment deux anciens employés de la défunte division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec. L'entreprise basée à Rimouski — mais dont le principal actionnaire est suisse — souhaiterait notamment exploiter le pétrole contenu dans le sous-sol de l'île d'Anticosti. Elle a acquis des permis d'Hydro-Québec pour cette île en 2008 pour un montant non divulgué.
L'albertaine Talisman Energy a huit lobbyistes à son service. Elle peut de plus compter sur le travail de Daniel Bernier, qui a été chef de cabinet dans le gouvernement Charest de 2003 à 2005. La multinationale, très active dans le secteur gazier aux États-Unis, a également recruté Daniel Gagnier, chef de cabinet du premier ministre de 2007 à octobre 2009. Ce dernier siège à un «conseil consultatif» mis sur pied par l'entreprise pour soutenir ses activités au Québec.
Questerre Energy a elle aussi recruté chez les anciens libéraux en la personne de Marie-Claude Johnson, ancienne attachée politique de Raymond Bachand, mais aussi de Monique Jérôme-Forget. Celle-ci doit faire des représentations auprès du ministère des Finances et du ministère des Ressources naturelles dans le but de «s'assurer que le niveau de redevance actuellement en développement permette la viabilité économique» d'un projet «d'exploration et d'exploitation gazière sur la rive sud». Le projet en question n'est pas précisé.
Au total, on peut compter au moins 55 lobbyistes actuellement au service de l'industrie pétrolière et gazière au Québec. Aucune production commerciale n'est actuellement en cours et l'industrie répète que le potentiel du shale de l'Utica n'est pas encore prouvé. Ce chiffre s'apparenterait au nombre d'inscriptions au registre liées à l'industrie minière classique, un secteur qui est très développé au Québec et qui est promis à une forte croissance au cours des prochaines années. Même la Fédération des chambres de commerce du Québec a inscrit un mandat lié au gaz de schiste.
D'autres entreprises gazières n'ont pas de lobbyistes inscrits directement en leur nom, dont Molopo, qui détient des permis couvrant 9000 km2 au Québec. Même chose pour Corridor Resources, qui a mis la main sur les permis du gisement Old Harry. Une porte-parole du bureau du commissaire au lobbyisme a toutefois indiqué au Devoir que, depuis deux ans, on cible davantage les entreprises du secteur gazier afin de savoir si elles sont susceptibles de mener des activités de lobbyisme. Dans ce cas, on leur demande de s'inscrire au registre. En 2010, 26 sociétés ont été approchées et trois se sont inscrites.
Par ailleurs, Gaz Métro a inscrit plusieurs lobbyistes en lien avec ses activités de distribution de gaz naturel. Parmi leurs mandats, on retrouve la volonté de «sensibiliser, présenter et promouvoir auprès des instances gouvernementales et municipales le développement de nouvelles sources d'approvisionnement gazier», mais aussi de «positionner auprès des divers interlocuteurs gouvernementaux le gaz naturel comme une des solutions à la réduction des gaz à effet de serre».