19/04/2011: Interview de Martin Schuepbach (08/04/2011)
Ou comment démonter les arguments des foreurs
Martin Schuepbach est le représentant de la société américaine du même nom associée à GDF-Suez sur le permis de Villeneuve de Berg en Ardèche.
Revenons sur l’interview de Martin Schuepbach sur la radio Télévision Suisse le 8 avril 2011 et plus précisément sur deux passages montrant d’une part le décalage entre les perceptions des populations et confirmant d’autre part les craintes que nous avons concernant la sous-estimation gravissime du bilan net énergétique de l’exploitation du gaz de schiste. Le bilan net énergétique a déjà été évoqué dans nos colonnes (voir Bilan énergétique des gaz de schistes etContexte énergétique des énergies conventionnelles)
Décalage de perceptions
Extrait n°1 (À 18’01")
Martin Schuebach
Les gens pensent que l’on va forer un puits tous les 100 mètres. Ce qui n’est pas vrai. On fore un puits tous les quelques kms. Un puits en grappe. Sur un hectare, on creuse 16 puits, puis au moment de l’exploitation, on n’utilise plus qu’un cinquième de cet hectare. Donc il est faux de dire que l’on fait des puits partout. On fait beaucoup de puits mais dans un espace très restreint.
Décodage et analyse
Comme chacun sait, un hectare représente une surface de 10 000 m², soit un carré de 100 m de coté. M. Schuepbach nous précise que les foreurs logent 16 puits par hectare, soit un quadrillage de 4x4 puits dans ce carré de 100 m de coté. Dans ces conditions, les puits sont distants de 25 m au plus proche, 35 m en diagonale. Effectivement, nous avons tort de penser que les forages sont distants de 100 m. En vérité, l’interviewé nous annonce que c’est bien pire !. D’ailleurs l’aveu est renforcé puisque « on fait beaucoup de puits mais dans un espace très restreint. ». Je pensais d’ailleurs naïvement que les forages étaient distants de 500 m environ. Merci M. Schuepbach de rétablir les faits.
Sous estimation du bilan net énergétique
Extrait n°2 (À 18’46")
Journaliste :
L’autre question, c’est aussi l’énergie qu’il faut mettre dans le système pour extraire le gaz - c’est à dire l’énergie grise du système. On en a beaucoup parlé pour les sables bitumineux de l’Alberta par exemple. Est-ce que, pour les gaz de schiste, il n’y a pas de nouveau cette question de beaucoup d’énergie que l’on met en amont pour dégager un peu de gaz à la sortie ?
Martin Schuebach
Non, nous utilisons de l’énergie pour la fracturation des schistes. C’est juste quelques heures pour la fracturation et si l’on compare l’énergie utilisée pour transporter le gaz depuis la Russie dans les pipe line jusque vers l’Europe, il en faut probablement beaucoup plus. Et puis, beaucoup de gaz arrive en Europe sous forme liquide. Donc, il faut le liquéfier au Qatar ou en Algérie, le transporter par bateau puis le liquéfier en Europe. Toutes ces opérations consomment beaucoup plus d’énergie que ce que nous faisons. Il n’y a pas de comparaisons.
Décodage et analyse
Dans un article précédent de ce site, le manque de transparence relatif au bilan net énergétique était déjà évoqué. Au vu des propos de M. Schuepbach, il est plus que jamais nécessaire que les foreurs publient une étude sur ce sujet.
En effet, les propos de M.Schuepbach montrent très clairement que l’énergie nécessaire à l’extraction est gravement sous estimée. Seule l’énergie de fracturation est prise en compte. La préparation des plates-forme, le transport des liquides de fracturation (eau, produits chimériques et infecticides), les travaux préalables de construction des voies d’accès, ... sont carrément négligés. Pire, M. Schuepbach confirme ce que l’on pouvait pressentir à savoir qu’un grande partie est socialisée. Pas un mot sur les énergies de dépollution et de remise en état. Pas un mot sur les énergies de traitement des maladies induites.
Aux foreurs, les bénéfices ; Aux peuples, l’environnement saccagé, les maladies et tous les inconvénients.
Jean-Claude Caty , représentant de l’Union Syndicale Solidaire du collectif 07 stop au gaz de schiste.