21/04/2011: L'état interrompt les recherches de gaz (Mais c'est en Suisse)

Le canton ne renouvellera pas le permis de prospection d’hydrocarbures octroyé en 2008 à une société texane. Enjeux environnementaux.

 

La zone où prospectait la société Schuepbach Energy LCC couvre la Glâne et une partie de la Gruyère et de la Veveyse.

La nouvelle peut surprendre par son incongruité: l’Etat a annoncé hier, dans un communiqué, qu’il suspendait toute recherche d’hydrocarbures sur le territoire fribourgeois! Des hydrocarbures? En fait, du gaz naturel qu’une entreprise américaine prospecte dans le sous-sol de l’ouest du canton depuis bientôt trois ans. Un retour en arrière s’impose. A l’été 2008 (La Gruyère du 5 juillet 2008, puis du 26 mai 2009), l’Américain Martin Schuepbach, propriétaire de Schuepbach Energy LCC à Dallas, une entreprise texane spécialisée dans la prospection d’hydrocarbures, obtient du canton un permis de recherche d’une durée de trois ans. L’autorisation couvre une grande partie de la Glâne, la zone autour de Bossonnens et une frange de la Gruyère. Il arrive à échéance cet automne.

Espoirs de gaz

D’origine zurichoise, Martin Schuepbach est docteur en géologie et a été chercheur à l’Université de Fribourg il y a une trentaine d’années. Malgré l’échec de la prospection de pétrole dans les années septante, il espérait trouver du gaz naturel dans le sous-sol fribourgeois. Il s’agissait d’abord d’analyser les données géologiques existantes et de procéder à des tests géochimiques d’échantillons. D’éventuels forages, bien plus chers, seraient intervenus dans une deuxième phase et auraient dû faire l’objet d’une demande de permis de construire.

Revirement total du canton, donc, qui annonce l’arrêt net de toute opération. Aucune concession d’exploitation de gisements ne sera non plus octroyée. Motif? Le canton «n’a pas besoin de nouvelles sources d’énergie» et le Conseil d’Etat entend «favoriser les énergies renouvelables».

Qu’est-ce qui a bien pu pousser le Gouvernement à couper les gaz? D’abord, ses services ont appris qu’une demande de forage allait arriver prochainement de la part de Schuepbach Energy LCC. Et une autre demande, de recherche celle-là, a par ailleurs été déposée le 15 février dernier par une entreprise suisse. L’Etat lui a déjà annoncé qu’il la refusait.

«Il s’agit d’être cohérent avec notre nouvelle stratégie de développement durable», résume Georges Godel, directeur de l’Aménagement, de l’environ-nement et des constructions (DAEC). Une stratégie peaufinée après la délivrance du permis aux chercheurs texans.

Le Glânois se dit aussi inquiet des dommages environnementaux occasionnés par l’extraction d’hydrocarbures. Avec lui, le Gouvernement préfère couper court à tout espoir, sans attendre une éventuelle demande de forage qui aurait pu donner lieu à une levée de boucliers. «C’est une décision très claire, courageuse et cohérente.»

Au risque d’opérer une rupture dans l’action de l’Etat, qui suspend un jour ce qu’il a autorisé la veille? «Cette décision n’est pas définitive. On pourra en rediscuter quand on nous aura prouvé qu’il n’y a aucune conséquence environnementale à exploiter de tels gisements et qu’on a absolument besoin de telles sources d’énergie», tempère Georges Godel.

 

Pression du politique

Ne craignant pas de revendications financières – les permis auront coûté quelques dizaines de milliers de francs – il assure que cette décision n’a pas non plus pour but de verdir opportunément sa candidature, à quelques mois des élections cantonales: «Cela n’a strictement rien à voir avec Fukushima. Je pense simplement que le politique doit être très claire dans sa volonté de changement et faire pression pour trouver d’autres solutions.»

On peut s’étonner alors d’une ferveur toute différente dans le dossier nucléaire, le Conseil d’Etat ayant accepté l’idée de la construction d’une nouvelle centrale en Suisse… «Nous avons toujours été très clairs sur notre volonté de sortir du nucléaire. Nous sommes d’accord pour une seule nouvelle centrale, le temps de trouver une alternative.»

Contacté aux Etats-Unis, Martin Schuepbach n’a pas pu répondre dans les temps à nos questions.

 


La source ici

 



21/04/2011

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