19/04/2011 L’exploitation des gaz de schiste accélèrerait le réchauffement climatique


L'exploitation des gaz de schiste accélèrerait le réchauffement climatique
L'empreinte écologique de l'exploitation des gaz de schiste dépasse celle de l'exploitation du pétrole et du charbon. Une autre bonne raison de s'y opposer...

D’après des chercheurs de l’Université de Cornell (États-Unis), elle serait  bien plus mauvaise pour l’environnement que celle du charbon.


 

On savait déjà qu’elle était vectrice de radioactivité et favorisait sans doute d’activité sismique. La voilà maintenant accusée de contribuer activement à la hausse du thermomètre mondial, ce qui « remet en question la logique de son utilisation comme alternative aux combustibles fossiles », résume Robert Howarth, directeur d’une étude que les anti-gaz de schiste français, même s’ils sont déjà parvenus à infléchir la position du gouvernement - les députés doivent maintenant entériner son virage – , ne devraient pas manquer d’ajouter à leur argumentaire.

M. Howarth et son équipe ont évalué l’empreinte carbone du gaz naturel en se concentrant sur les émissions de méthane (CH4) – lequel, malgré une renommée moindre, est environ vingt trois fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) mais reste beaucoup moins longtemps dans l’atmosphère (de neuf à quinze ans contre grosso modo un siècle)  – et d’après leurs calculs de 3,6 à 7,9 % de la production totale d’un puits « moyen » s’échappe dans l’atmosphère sous forme de CH4. Une propagation considérable, a minima 30 % supérieur à celle générée par l’exploitation des gaz conventionnels, et qui s’expliquerait pèle-mêle par les diverses fuites provenant des équipements, les systèmes de ventilation et surtout le reflux de fluides lors du forage.

 

 

Une terrible contre-publicité

 

Outre les vives interrogations que suscite la composition du liquide, tenue secrète mais dont il est tout de même avéré qu’il contient des substances chimiques hautement néfastes pour l’environnement, la fracturation hydraulique de la roche aurait donc un impact climatique élevé. Sur deux décennies, l’empreinte écologique globale serait même beaucoup plus importante – de 22 % à 43 % – que celle de l’exploitation du gaz naturel et de 20% a deux fois plus importante que celle du charbon. Le différentiel serait compris entre 14 et 19 % sur un siècle comparativement au gaz naturel et sensiblement identique comparativement à l’exploitation du charbon mais ça n’empêche : présentée par ses défenseurs comme le moyen le plus rentable d’accéder ou tout du moins de se rapprocher de l’indépendance énergétique, l’exploitation des gaz de schiste a – c’est une litote – des inconvénients majeurs et à la lumière de cette expertise on ne voit définitivement pas par quel miracle elle pourrait être propre.

Autres données accablantes : le processus de forage d’un puits de gaz de schiste se traduirait par le rejet dans l’atmosphère d’1,9 % du volume de gaz contenu dans le réservoir, soit cent quatre-vingt-dix fois plus qu’un puits conventionnel (!) Le gaz de schiste rejetterait en outre entre vingt-sept et soixante grammes de carbone par mégajoule (MJ) de chaleur produite, alors que le charbon souterrain, le charbon de surface et le gazole n’en émettent respectivement « que » trente, vingt-sept et vingt-deux.

Malgré l’accumulation de révélations toutes plus effroyables les unes que les autres, l’exploitation des gaz non-conventionnels ne cesse de s’étendre outre-Atlantique et il faut compter sur l’opposition républicaine, passée maîtresse dans l’art de contrecarrer les plans énergétiques de Barack Obama, pour soutenir cette dramatique frénésie. Cette nouvelle étude à charge sonnera-t-elle l’hallali pour les industriels ? Le processus paraît hélas trop avancé aux États-Unis. Il est en revanche toujours possible de le tuer dans l’oeuf en France.

 

Crédits photos : flickr – Marcellus Protest / Wikimedia Commons - Ruhrfisch

 


La source ici

 

 



19/04/2011

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