18/04/2011: Gaz de schiste : un rapport parlementaire dénonce l'utilisation de produits cancérigènes
Selon le document, les compagnies sont souvent incapables d'identifier les produits injectés dans le sol.
Les technologies d'extraction de gaz de schiste sont de plus en plus sur la sellette. Selon un rapport parlementaire américain, l'exploitation de gaz de schiste par fracturation hydraulique a entraîné l'utilisationde plus de 2.500 produits au cours des dernières années, dont des substances considérées comme cancérigènes et polluantes. Ce type d'exploitation nécessite l'injection dans la roche de grandes quantités d'eau et de sable, additionnées de produits permettant de faciliter les flux d'hydrocarbures libérés.
Rédigé par la Commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre des Représentants, le document passe en revue les produits chimiques utilisés par 14 compagnies de production de gaz et de pétrole de schiste entre 2005 et 2009. Celles-ci ont utilisé « plus de 2.500 produits pour la fracturation hydraulique, contenant 750 substances chimiques (...), dont 29 sont connus pour être des cancérigènes ou suspectés comme tels ou représentant des risques pour la santé et l'environnement ».
Le rapport cite notamment le benzène, le toluène, le xylène et l'éthylbenzène, connus sous le sigle BTEX. «Au total les compagnies ont injecté 43 millions de litres de produits contenant au moins un BTEX sur une période de 5 ans». Une autre substance, le 2-butoxyéthanol (Butylglycol), connue pour les risques de destruction de globules rouges ou de dommages à la moelle osseuse, était même le produit le plus utilisé au Texas pendant la période sous revue.
« La fracturation hydraulique a ouvert un accès à de vastes réserves nationales de gaz naturel ce qui pourrait être une étape importante vers un futur avec des énergies propres », estiment les auteurs. « Pour autant, les questions sur la sécurité des techniques demeurent et sont même susceptibles d'être aggravées par les secrets de fabrication entourant les produits chimique utilisés ». Selon les parlementaires, dans de nombreux cas, les compagnies ont été incapables d'identifier les produits chimiques qu'elles injectaient dans le sol.
La semaine dernière, une étude d'un scientifique de l'université américaine de Cornell a estimé que la production de gaz de schiste se révélait plus polluante que celle du charbon, compte tenu des fuites de gaz occasionnées. Elle a déchaîné les protestations des acteurs de l'industrie gazière.
L'exploitation des gaz de schiste pourraient représenter 45 % de la production de gaz américaine en 2035 contre 14 % en 2009 selon l'Agence internationale de l'énergie. Les dangers pour l'environnement et la santé de cette exploitation ont été dénoncés par le film «Gasland» de Josh Fox, nominé aux Oscars.
Voir ci-dessous le rapport de la Commission de l'Energie et du Commerce au Congrès américain (PDF en Anglais)
Hydraulic Fracturing Report 4.18.11.pdf