D'après les députées Martine Ouellet et Louise Beaudoin, qui sont à l'origine du projet, les citoyens des deux côtés de l'Atlantique ont tout intérêt à unir leurs forces contre une industrie et un gouvernement qui leur cache des choses.
«On vit vraiment les mêmes problématiques et les mêmes inquiétudes», a souligné Mme Ouellet lors d'un point de presse auquel M. Bové participait par téléphone.
Quelques communes françaises, dont celles de Cahors, ont déjà exprimé le souhait d'être jumelées avec une municipalité québécoise qui se trouve dans une situation semblable à la leur.
Aucun village québécois n'a exprimé le même intérêt pour le moment, mais le Parti québécois promet de «jouer les entremetteurs» et d'approcher des villes et villages de la Montérégie, du Centre-du-Québec et de la région Chaudière-Appalache.
Les opposants des deux pays avaient commencé à tisser des liens il y a plusieurs mois, avant que les politiciens s'en mêlent. Pierre Batellier, du Regroupement citoyen de mobilisation contre le gaz de schiste, a d'ailleurs participé à la fin du mois dernier à une manifestation qui a réuni quelque 15 000 personnes en Ardèche, dans le sud-est de la France.
Là-bas comme ici, les citoyens dénoncent le manque de transparence des entreprises et des gouvernements, de même que l'absence de consultation au sujet de l'exploitation des shales gazéifères. Ils s'inquiètent en outre des conséquences de la fracturation sur l'environnement et sur le tourisme.
En France, la contestation a surtout lieu dans les régions de l'Ardèche, de l'Aveyron et de la Drôme, qui sont dans la mire des géants du gaz et dont la superficie totale équivaut à environ un huitième du territoire de l'Hexagone.
Pour José Bové, il est clair que la démocratie n'a pas été respectée dans le dossier, puisque ni les citoyens ni les autorités locales n'ont été consultées. « Ça s'est fait en catimini entre le ministère de l'Énergie et les entreprises gazières», a-t-il souligné.
L'État français a commandé une étude d'impact. Les travaux de forage ont été suspendus en attendant le dépôt du rapport, prévu pour juin. Dans les faits, la situation se compare donc à celle qui prévaut au Québec depuis le dépôt du rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).
Mais ni le Parti québécois ni José Bové ne craignent une démobilisation des citoyens, en dépit du calme relatif qui règne actuellement dans les régions où on trouve du gaz de schiste. M. Bové a d'ailleurs estimé qu'en France, la mobilisation était de plus en plus forte chaque jour.