14/04/2011: François Fillon bascule dans le camp des opposants aux gaz de schiste


François Fillon bascule dans le camp des opposants aux gaz de schiste
Le revirement de François Fillon est un succès majeur pour les adversaires de l'exploitation des gaz de schiste sur le territoire français

Longtemps silencieux malgré les pressions grandissantes, le chef du gouvernement a officiellement souscrit hier devant les députés à la position des écologistes.

 

Vivement espéré par la ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, des dizaines de parlementaires qui sont passés outre leurs divergences idéologiques, la majorité des présidents des régions concernées à l’exception notable de l’Alsace, la majeure partie de l’opinion publique et bien sûr les responsables d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), très tôt mobilisés sur ce sujet vecteur de suffrages, le revirement du Premier ministre n’en est pas moins inattendu. Il fait suite à celui tout aussi spectaculaire de Jean-Louis Borloo, qui avait délivré les permis d’exploration à l’origine de la polémique et qui, dans les jours qui ont suivi son départ fracassant du gouvernement, n’a eu de cesse de fustiger le peu de considération qu’accorderait le locataire de Matignon aux problématiques environnementales, et s’explique sans doute en partie par les divisions de la majorité.

Désormais conscient du préjudice politique que pourrait provoquer un statu quo, le gouvernement veut manifestement aller plus loin que la mission d’évaluation qu’il a diligenté début février et qui n’a pas permis de faire retomber le soufflé. L’hypothèse d’une interdiction de l’exploration et donc de l’exploitation des gaz de schiste sur le territoire national est aujourd’hui la plus crédible.

Reste à savoir quelle serait auquel cas la stratégie des industriels, étonnamment silencieux malgré ce très officiel changement de cap étatique qui pourrait constituer pour eux un redoutable manque à gagner. On a quoi qu’il en soit du mal à croire que les lobbies aient déjà abdiqué, qu’ils n’intentent pas d’actions judiciaires dans les semaines à venir et qu’ils renoncent à réclamer d’importantes indemnités, forts d’une gestion juridique tout à fait désastreuse des autorités. Les défenseurs de l’environnement, eux, auraient sans doute tort de déjà sabrer le champagne, aucune loi n’ayant encore été votée. D’aucuns pourraient en outre croire que le rétropédalage gouvernemental n’est qu’une manoeuvre destinée à apaiser les tensions en vue des prochaines élections présidentielles et précédant une réouverture discrète du dossier l’an prochain, à condition bien entendu que la majorité soit reconduite, ce qui est loin d’être acquis.

« Les autorisations qui ont été données l’ont été dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes »

 

En attendant, le chef du gouvernement a plaidé hier pour une remise à plat complète et pour une annulation des permis déjà octroyées. « Les autorisations qui ont été données l’ont été dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes. Il n’y a pas eu assez de concertation [...], pas assez d’information », a-t-il concédé, rappelant le dépôt récent de plusieurs propositions de loi qui seront examinées par les députés le 10 mai prochain. « C’est la meilleure façon d’aller vite, le gouvernement les soutiendra », a-t-il garanti.

M. Fillon a par ailleurs souligné avoir ordonné la prolongation d’une « mission de recherche scientifique sur les possibilités d’exploiter ces gisements avec d’autres technologies ». En d’autres termes, le véto ne s’appliquerait « qu’ »à une exploitation des gaz de schiste via une fracturation hydraulique « à l’américaine » dont les gravissimes dommages collatéraux sont à présent de notoriété publique et « la recherche scientifique (sera) conduite jusqu’à son terme ». Et de conclure : « il n’est pas question de sacrifier notre environnement mais il n’est pas question non plus de fermer la porte à des progrès technologiques qui permettraient demain d’accéder à de nouvelles ressources énergétiques ».

Un peu plus tôt – une habitude ces temps-ci dans les rangs de l’UMP – , la langue du Premier ministre avait fourché. Il avait en effet évoqué les autorisations données « en matière d’exploration et d’exploitation des gisements de gaz de shit (sic) », provoquant l’hilarité des députés et déclenchant le buzz sur la Toile. Un lapsus néanmoins très vite oublié. Il est vrai que les gaz de schiste sont un sujet tout ce qu’il y a de plus sérieux.

 

La source ici

 



14/04/2011

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