08/04/2011: demande de permis en pays de Bray
Pétrole et gaz de schiste : le pays de Bray visé
Une société de forage du Val-d'Oise a demandé des permis de recherche pour trouver de l'huile de gaz de schiste dans le sous-sol du grand pays de Bray
PATRICK CAFFIN | Publié le 08.04.2011, 07h00
Et si dans quelques années, des derricks fleurissaient dans l’ouest du département? Toujours à la recherche d’une plus grande indépendance énergétique, la France est tentée par l’extraction des huiles et gaz de schiste. Si des projets de forage sont bien avancés en Seine-et-Marne, certains pourraient aussi voir le jour dans l’Oise.
La société Poros Sas, basée à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), spécialisée dans la recherche pétrolière, notamment en Libye et en Tunisie, a demandé des permis de recherche au ministère de l’Ecologie. Sa cible ? Le pays de Bray, mais un pays de Bray élargi puisqu’il comprendrait les cantons de Songeons, du Coudray-Saint-Germer, mais aussi de Chaumont-en-Vexin et de Beauvais-Sud.A l’heure actuelle, rien n’est décidé et même pour les projets plus avancés, la décision est de toute façon bloquée jusqu’en juin par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie et du Développement durable. Cette dernière a d’ailleurs assuré que « les exploitations des huiles et gaz de schiste qui existaient aux Etats-Unis n’arriveraient jamais en France ».
En effet, le type d’exploitation « à l’américaine » s’avère extrêmement polluant — notamment pour les nappes phréatiques — et très coûteuse en eau. En Pennsylvanie, où ce type d’exploitation est répandu, l’eau est, selon ses détracteurs, devenue impropre à la consommation dans plusieurs endroits et l’Etat a gagné un surnom : Gasland.
Dans l’Oise, on en est à peine au début du processus et si les écologistes tirent déjà le signal d’alarme, les partisans de l’indépendance énergétique nuancent les risques. Quant à la société Poros Sas, elle reste très prudente. « Nous avons demandé des permis de recherche pour le pays de Bray, confirme Yannis Bassias, PDG de Poros Sas. Mais pour l’instant, nous n’avons pas l’intention de forer. L’objectif de ces permis, c’est d’acquérir avant une meilleure connaissance géologique du sous-sol et d’évaluer l’existence d’un gisement et de son potentiel éventuel. On ne se lancerait pas dans un forage juste pour voir si ça en vaut le coup. » Et ces études, si elles sont accordées, devraient prendre plusieurs années.
« Nous allons déjà passer au moins un an à collecter les données historiques au BRGM, le Bureau de recherche géologique et minière. Ensuite, nous étudierons les données géologiques et géophysiques du sous-sol. Cela prendra au moins deux ou trois ans. Aujourd’hui, personne ne peut dire s’il y aura ou pas des forages dans l’Oise. »
Quant aux risques écologiques, Yannis Bassias se défend. « Nous ne sommes pas aux Etats-Unis ici, rappelle-t-il. On sait qu’il y a effectivement eu des problèmes importants là-bas. Mais maintenant, si on ne veut pas dépendre des pays producteurs de pétrole… »