22/03/2011: Bientôt du gaz en Savoie ?


Deux permis de recherche de gisements de gaz de schiste ont été déposés en Savoie.

Si, à ce jour, les permis n'ont pas été délivrés, les craintes concernant les impacts sur l'environnement commencent à se faire entendre. « Je serai vigilant, et je ne relâcherai pas ma vigilance sur cette question des gaz de schiste » lance Hervé Gaymard, président (UMP) du Conseil général de Savoie. « L'impact ne serait pas acceptable sur le plan environnemental en l'état des techniques utilisées » affirme haut et fort Nicole Guilhaudin, conseillère générale d'opposition (Verts Savoie). La Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature), au niveau de la région comme de la Savoie, demande à ce que ce type de recherche d'énergie fossile soit abandonné. C'est encore le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne (PS) qui se prononce pour la suspension des permis d'exploration de ce gaz dit « non conventionnel ». Ce sont environ 15 000 personnes qui ont manifesté le week-end dernier en Ardèche contre un des trois permis d'exploration (de recherche, pas encore d'exploitation) qui a été délivré par l'ancien ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo.
Un permis pour l'instant gelé : devant la levée de boucliers, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, et le ministre de l'Industrie, Eric Besson, viennent de demander au Conseil général de l'Industrie et au Conseil général de l'Environnement d'effectuer pour le 31 mai un rapport  - avec bilan d'étape au 15 avril - sur cette question. Dans l'attente rien ne bougera donc officiellement.
Aux USA, et au Québec, les gaz de schiste, c'est un peu la ruée vers l'or. Sauf que certains montent au créneau des deux côtés de la frontière nord-américaine: l'Etat de New-York vient de demander un moratoire et de plus en plus de gens se questionnent sur les impacts sur l'environnement.

Profondeurs de la terre

Dans le contexte de hausse des prix du pétrole et du gaz, et de leur rareté, la tentation est grande d'aller en chercher ailleurs pour assurer sa sécurité énergétique. Comme dans les schistes du sous-sol avec la technique dite de fracturation hydraulique, la seule connue à ce jour. Le principe ?
On creuse un puits vertical de 2000 mètres ou plus, puis on pénètre horizontalement dans les schistes sur environ 1000 mètres. L'outil en place, on injecte sous forte pression de grandes quantités d'eau -15 millions de litres par fracturation- mélangées à un cocktail de produits chimiques. De la roche fracturée se libère le gaz, récupéré en surface, comme une partie de l'eau polluée, mais pas toute...
Une fois les roches libérées totalement du gaz, on prospecte un peu plus loin. Impacts sur les nappes d'eau souterraines, questionnements sur la quantité d'eau disponible pour les forages, risques de pollutions chimiques : aux USA comme en France -où cette technique n'a pas été encore explorée- les inquiétudes montent

Le nord-ouest de la Savoie concerné ?

En quoi la Savoie est-elle concernée. Un peu ? Beaucoup ? Pas du tout ? Deux demandes de permis de recherche, qui n'ont pas été accordés à ce jour, ont été déposées. L'un dit Lyon-Annecy sur une surface de 3800 km2, l'autre dit de Valence, sur 5801 km2, paru au Journal Officiel du 24 août 2010. Ces permis mordent sur le territoire savoyard.
Questionné à ce sujet, Hervé Gaymard donne des informations qu'il a recueillies auprès des services de l'Etat : « Les zones concernées se situent au nord d'une ligne ouest-est passant par Champagneux et Aillon-le-Jeune, et à l'ouest d'une ligne sud-nord passant par Aillon-le-Jeune et Arith ». Une partie de l'Avant-Pays-Savoyard, une partie des Bauges, et le secteur du lac du Bourget, figurent dans ce périmètre. « L'impact paysager, la nécessité de plate-formes d'exploitation, les quantités d'eau nécessaires, son retraitement, les moyens à mettre en oeuvre pour prévenir les fuites de forage cela exigerait des coûts d'exploitation démesurés », affirme Hervé Gaymard, qui se veut aussi rassurant que vigilant.
« Les arrêtés ont été pris dans la plus grande discrétion, constate Nicole Guilhaudin. Si on vient forer chez nous, il faudra demander notre avis. Ces permis de recherche doivent faire l'objet d'une information transparente et la plus large possible ». Et la conseillère générale de réaffirmer sa préférence pour les économies d'énergie, les énergies renouvelables, non génératrices d'effet de serre, au contraire des gaz de schiste.
Alors les gaz de schiste : nouvel eldorado ou miroir aux alouettes ? Le débat ne fait, semble-t-il, que commencer.

Michel Lévy

 


La source ici

 

 



22/03/2011

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