08/03/2011: Vers un débat public sur les gaz de schiste

Le sous-sol français pourrait en regorger mais leur technique d’extraction peut se révéler très polluante. Malgré la suspension des travaux de recherche par le gouvernement, la mobilisation contre les gaz de schiste ne faiblit pas. Ce week-end, près de 2.000 personnes ont manifesté en Seine-et-Marne contre les recherches autorisées par l’Etat sur ces hydrocarbures.
Après des manifestations dans le Larzac, la Drôme, la Champagne, la mobilisation est devenue nationale.

France Info - La commune de Nant, dans l’Aveyron : l’un des sites éventuels d’extraction de gaz de schiste

La commune de Nant, dans l'Aveyron : l'un des sites éventuels d'extraction de gaz de schiste
©RF / Anne-Laure Barral

Pas une semaine ne s’écoule sans qu’un comité local, un élu, une association ne prenne position contre les gaz ou l’huile de schiste.
Pourtant, le gouvernement a suspendu depuis le 2 février tous les travaux de forage et de recherche sur ces hydrocarbures. Une mission interministérielle doit même remettre un rapport le 15 avril sur le sujet.

Pour l’avocate Corine Lepage, suspendre les travaux est insuffisant, il faut annuler les permis : c’est pourquoi elle a déposé un recours contre l’un d’entre eux devant le tribunal administratif de Paris. Ce recours ne sera pas étudié avant un an sans doute.
80 parlementaires de tous bords ont cosigné une motion contre l’exploitation des gaz de schiste. Aujourd’hui une mission d’information de l’Assemblée nationale, pilotée par le député PS du Gers Philippe Martin et l’UMP de l’Oise François Michel Gonnot, doit débuter ces travaux. Elle remettra son rapport le 8 juin.

Les gaz de schiste tout comme l’huile sont piégés dans le sous-sol à plus de 1.000 mètres de profondeur. Mais ils ne sont pas contenus dans des poches étanches, mais plutôt de manière diffuse dans la roche. Il faut donc faire un forage vertical puis envoyer un drain horizontal pour les extraire. La méthode consiste à envoyer de l’eau et du sable à très forte pression, un peu comme un Kärcher.


C’est ce que l’on appelle la fracturation hydraulique. Cela provoque des micro-fissures dans la roche et ainsi le gaz se libère en remontant par les drains. Il faut beaucoup, 10 millions de litres exactement, pour faire la fracturation. L’eau utilisée pour ce forage se charge de sédiments, parfois de métaux lourds, voire de radioactivité, comme l’a révélé le New York Times la semaine dernière. Elle doit donc être traitée pour pouvoir être réutilisée.

 

Plusieurs scandales de pollution ont éclaté aux États-Unis où les gaz de schiste sont en plein boom depuis le milieu des années 90. Le pays a réalisé près de 500.000 forages pour trouver de nouvelles ressources puisque ces forages de gaz conventionnels arrivaient à épuisement. Cela a ainsi permis aux Américains d’éviter l’importation de gaz étranger.


Mais la France est dans un autre contexte. D’abord géologique : on ignore encore le potentiel de notre sous-sol et il ne devrait pas comporter autant de métaux lourds. En plus sur le plan juridique, l’État est propriétaire du sous-sol et non les particuliers. C’est donc lui qui délivre les autorisations d’explorer, de forer et d’exploiter les ressources en hydrocarbures.

 

Les écologistes estiment que le gouvernement manque de transparence, il y aurait une cinquantaine de permis en cours d’instruction au ministère de l’énergie. Malgré la suspension des travaux, les industriels continuent à demander des autorisations de recherche. Vermillion, Hess, Toréador, Total, Moove Oil, Schuebach… des dizaines d’entreprises sont concernées. Très motivées au début par la perspective de trouver du gaz de schiste dans le sous-sol français, elles sont aujourd’hui plus circonspectes face à l’opposition que cela soulève. D’ailleurs le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, n’est plus si sûr de son partenariat avec Schuebach pour le permis de Nant dans le Larzac.

 

Avec un prix du pétrole à plus de 100 dollars, l’huile de schiste est très rentable à extraire. Pour ce qui est du gaz c’est toujours intéressant pour la facture énergétique d’un pays d’en posséder. Reste qu’aujourd’hui l’arbitrage est plus politique : entre les défenseurs de l’environnement, du principe de précaution et ceux de l’indépendance énergétique

 


La source ici

 

 



08/03/2011

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