12/04/2011: Selon une étude sur les émissions de GES - Les gaz de schiste plus polluants que le charbon
Une étude de l'Université Cornell, sur le point d'être publiée dans la revue scientifique Climatic Change, estime que l'impact des gaz de schiste sur le réchauffement du climat pourrait dépasser de 20 % celui du charbon.
C'est une fuite sur le site Internet TheHill, un journal parlementaire des États-Unis, qui a permis de rendre public le texte préliminaire préparé par l'équipe du professeur Robert W. Howarth.
L'automne dernier, le professeur Howarth avait déclaré au Devoir qu'il préparait pour l'Agence de protection environnementale américaine une version remaniée de son étude, laquelle avait été critiquée pour l'imprécision de certaines données de base. Cette critique vaut toujours, note l'étude, car un certain nombre de données utilisées dans cette étude se réfèrent aux résultats d'autres chercheurs, souvent avec des marges d'imprécision importantes.
Mais, à la lumière de ce que la science permet d'entrevoir pour le moment, précise l'étude, les émissions de méthane qui se produisent pendant les phases de forage, d'exploration, de fracturation, d'exploitation et même après la fermeture officielle des puits, sont telles que leur impact sur le climat serait plus grand, à moyen terme (horizon de 20 ans) que l'utilisation du charbon. À plus long terme, soit sur un horizon d'une centaine d'années cependant, les émissions des deux filières énergétiques s'équivalent, conclut l'étude. Or le charbon est le plus riche des combustibles fossiles en GES.
À court terme
Mais, a noté le professeur Howarth au journaliste de TheHill, c'est à court terme, soit d'ici 2030, que l'humanité tente de réduire ses émissions. Or c'est durant cette période que les émissions des gaz de schiste dépasseraient celles du charbon.
L'équipe du professeur Howarth s'appuie sur le fait que le méthane est 22 fois plus actif comme gaz de serre (GES) que le gaz carbonique. Avec des fuites moyennes qui atteindraient entre 3,6 % et 7,9 % de la production totale d'un puits, cette contribution des gaz de schiste au réchauffement du climat serait de 20 % supérieure sur un horizon de 20 ans aux émissions du charbon et 50 % par rapport au pétrole.
L'étude du professeur Howarth continue d'être attaquée par l'industrie des gaz de schiste et ses consultants. Certains soulignent l'imprécision des données qu'elle amalgame. D'autres indiquent qu'elle utilise un facteur d'impact sur le climat plus élevé que celui retenu par les chercheurs du panel intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (IPCC) de l'ONU.
Mais elle rejoint les avertissements lancés par le Conseil national des recherches des États-Unis, qui notait en 2009 que les gaz de schiste avaient une empreinte écologique et climatique plus lourde que celle du gaz naturel, un avertissement qu'avait aussi donné le Conseil des présidents de sociétés scientifiques. Ces derniers avaient avisé la Maison-Blanche que les gaz de schiste n'étaient peut-être pas cette énergie de transition entre le pétrole et les énergies vertes dont plusieurs rêvaient.