01/05/2011: Les pétroliers renouent avec les super-profits
Les majors de l'or noir renouent avec les superprofits
29/04/2011 | Mise à jour : 20:54
Portés par l'inflation du baril, ExxonMobil, Shell et BP ont annoncé d'excellents résultats trimestriels. Et vendredi, Total et Chevron ont complété cette liste de «superprofits».
C'est une bonne semaine qui se termine pour les grandes compagnies pétrolières. Tour à tour, les ExxonMobil, Shell et BP ont annoncé d'excellents résultats trimestriels, portés par l'inflation du baril. Vendredi, Total et Chevron ont complété cette liste de «superprofits»: le groupe français dégage un résultat net de 3,9 milliards d'euros. De quoi alimenter une fois de plus la polémique au moment où les prix des carburants volent de record en record. Actuellement, le litre de super sans plomb 95 coûte en moyenne en France 1,53 euro. Et Christophe de Margerie, le PDG de Total, s'est attiré les foudres de l'Élysée après avoir déclaré que le cap des 2 euros était dans l'ordre des choses.
La flambée de l'or noir a été particulièrement impressionnante au cours du premier trimestre. Le brent à Londres s'est échangé en moyenne à 105,40 dollars, soit un bond de 38%. Un pic a été enregistré à plus de 125 dollars au début du mois d'avril, correspondant au seuil le plus haut depuis l'été 2008. Le baril avait alors tutoyé la barre des 150 dollars.
Mais l'envolée des cours n'est pas la seule responsable de la santé éclatante des groupes. «Outre la reprise de l'activité, les majors tirent les bénéfices des importants programmes de restructuration qui ont été menés l'année dernière. Les charges exceptionnelles ont été passées, ce qui permet aux compagnies de reprendre du souffle», souligne Stanley Nahon, directeur au sein du cabinet de conseil en stratégie Booz & Company.
Cela ne signifie pas pour autant que la revue des actifs soit terminée. Vendredi, Total a indiqué qu'il était entré en négociations exclusives pour vendre sa raffinerie de Lindsey, située dans le nord-est de l'Angleterre. Le nom de l'acheteur potentiel n'a pas été communiqué. Face aux difficultés, pour toutes les compagnies, à céder une raffinerie, Total a encore précisé qu'il n'y avait aucune garantie pour que l'opération se fasse. D'ici à la fin de l'année, le groupe français veut se délester de 20% de sa capacité de raffinage par rapport à 2007.
Investissements massifs
Fortes de ces bonnes performances trimestrielles, «les majors vont pouvoir rouvrir les vannes des investissements, poursuit Stanley Nahon. L'essentiel des efforts sera concentré dans l'amont, à travers plusieurs projets de grande envergure. Ces orientations seront d'autant plus approuvées par les actionnaires que tous ces groupes ont mis en application une politique de dividendes confortables.»
Dans le cas de Total, le budget dédié aux investissements, tous segments confondus, atteint 20 milliards de dollars pour 2011. De son côté, ExxonMobil, le leader mondial du secteur, a fixé une enveloppe annuelle oscillant entre 33 et 37 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Parmi les projets les plus gourmands en capitaux, on recense notamment l'exploitation des huiles lourdes: ces fameux schistes bitumineux qui cristallisent l'opposition des défenseurs de l'environnement, au même titre que les gaz de schiste qui font actuellement l'objet d'un vif débat en France.