Un article de Marianne qui devrait en agacer plus d'un parmi nous!
Des milliards de bénéfices distribués aux actionnaires, mais pas un sou de profits réalisés en France, et probablement pas un euro d’impôt. En 2009, malgré 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires, Total a perdu 207 millions d’euros dans l’Hexagone. Rebelote en 2010. Selon nos informations, la plus grosse entreprise tricolore est encore dans le rouge.
Source: Flickr
Un euro cinquante. Quand ce n’est pas 1,80 euros qu’il faut sortir aux caisses des stations services pour s’offrir un litre d’essence. Le prix du précieux liquide renoue avec son niveau record de 2008 pour le plus grand malheur des automobilistes français. Mais pas celui de Total. A l’unisson des autres multinationales du CAC 40, le pétrolier a annoncé d’excellents résultats : 10,6 milliards d’euros sur 82 milliards réalisés par les 40 stars.
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Mais le malheur des Français pourrait bien se transformer en exaspération quand ils mettront en balance ces fabuleux résultats (distribués à plus de 50% aux actionnaires) avec le montant du chèque effectué par Total au Trésor. Enfin pas tant le montant, un des secrets les mieux gardés de la République, que le signe + ou - qui le précède. Car celui-ci est vraisemblablement négatif. Autrement dit, par la magie d'une optimisation fiscale totalement asservie aux desideratas des grands groupes, Total ne devrait pas d'argent à l’Etat au titre de l'impôt sur les sociétés (IS). Situation que le groupe n'a jamais démentie.
La plaquette « Total en France. Contribution économique et sociale », dans sa version 2009, mentionne une perte de 207 millions d’euros dans l’Hexagone pour un chiffre d’affaires de 32 milliards d’euros… quand les résultats du groupe atteignaient cette année-là 7,6 milliards d’euros. Rebelote cette année, puisque selon nos informations, Total serait encore en perte dans l’Hexagone. Ce que confirme, à Marianne, un porte-parole « Nous avons fini l'année 2010 sur un léger mieux par rapport à 2009 pour nos activités en France. Notre résultat y sera proche de zéro, légèrement négatif ». Conséquence mécanique: pour la seconde année consécutive, le groupe pétrolier ne devrait donc pas un sou au fisc.
Si on comprend aisément que Christophe de Margerie, le patron de Total, peine à partager ce malaise, il est cependant plus étonnant qu’il ne le comprenne pas, ou pire, qu’il s’en moque : « Le pétrole, certes, augmente mais pas plus qu'en Allemagne, en Grande-Bretagne ou ailleurs, je ne pense pas que dans ces pays-là, on parle tous les matins de ça, il doit y avoir quelque chose de particulier chez nous. »
Sans doute, les Français digèrent-ils mal la faible participation de leur champion national à « l’entretien de la force publique », comme le définit la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Ladite force publique protège les stations service, aménage le sol sur lequel roulent les poids lourds Total, entre autres services rendus par la collectivité à la prospérité de ce grand groupe.
Lors de la présentation du rapport annuel de la Cour des comptes aux députés, certains parlementaires s’étaient émus de ce que cinq entreprises françaises, dont Total, profitent du « bénéfice mondial consolidé », une niche de luxe. Réponse de François Baroin : les en priver, les conduiraient à se délocaliser. La parade du ministre du Budget n’aura convaincu personne. Pas même Michel Bouvard, député UMP de Savoie : « 302 millions d’euros (NDLR: montant de la niche), ce qui, à raison de cinq entreprises multinationales, fait à peu près 60 millions pour chacune. J’ai peine à croire, compte tenu du bénéfice dégagé par ces entreprises et de l’impôt qu’elles acquittent, qu’elles trouvent intérêt à déménager leur siège social à l’étranger pour 60 millions. »
Chiche ?
Source de cet article Marianne2 ici